La signification des rêves
De quoi avez-vous rêvé la nuit dernière? Peut-être avez-vous croisé une vieille connaissance, pris dans les bras votre grand-mère décédée il y a quelques mois ou même volé dans les airs? Il se peut aussi que vous ne vous souveniez pas du tout de vos activités oniriques. La psychologue Esther Damas nous en dit un peu plus sur l’importance de nos rêves, leur but et la manière dont nous pouvons les utiliser au quotidien.
Tout simplement
Parfois, on ne se souvient pas de ses rêves.
Les rêves sont parfois utiles pour le quotidien.
On peut s’entraîner à vous souvenir de ses rêves.
En les écrivant dans un carnet.
C’est une soirée paisible. Je traverse une prairie près de chez moi. Les maisons au loin paraissent étranges, elles sont plus colorées, plus hautes que d’habitude. J’entends des tambours battre un rythme régulier. Un groupe de gens se tient en cercle à côté du vieux chêne. Une personne danse au milieu. Soudain, une femme se tourne vers moi, je ne la connais pas. Elle me sourit et m’invite à entrer dans le cercle. Puis elle danse avec moi, me fait tourner sur moi-même et passe le relais à son voisin. C’est un ancien camarade de classe. Il me sourit, me fait également tourner sur moi-même avant de me faire avancer vers la personne suivante, qui n’est autre que la gentille dame du pressing. Celle-ci enchaîne quelques pas de danse avec moi, puis me fait passer à la prochaine personne. La chorégraphie continue ainsi gaiement, jusqu’à ce que je tombe sur mon ancien professeur, qui braque un regard furieux sur moi. «Vous avez oublié de vous présenter à votre examen!», crie-t-il. Tout le monde est au courant maintenant! Je constate avec effroi que l’ambiance n’est plus à la fête. Le groupe me menace de toutes parts, le cercle se resserre autour de moi. C’est alors que j’entends murmurer: «Tu peux voler!» Je lève les bras avec hésitation, tente quelques mouvements de va-et-vient. Et là, mes pieds se soulèvent du sol et je prends vite de l’altitude. Les personnes que j’ai laissées derrière deviennent vite minuscules et je profite de cette nouvelle liberté. Un sifflement monotone retentit tout à coup, sûrement un altimètre qui m’indique que j’ai pris trop de hauteur. Mais après avoir rectifié mon altitude, rien ne se passe: le bruit strident résonne toujours. Puis cette vision s’évanouit, l’impression de légèreté diminue peu à peu... Je ressens le contact de ma peau avec le matelas.
Rêver est une capacité donnée à tous les êtres humains, quels que soient leur culture et leur mode de vie. Depuis quelque temps, on sait que l’on rêve pendant toute la durée du sommeil, et donc à chaque phase. Mais c’est pendant celle du sommeil paradoxal, caractérisée par des mouvements oculaires rapides, que nos songes sont les plus intenses, les plus concrets. Ce sont d’ailleurs ceux-là dont nous nous souvenons le mieux au petit matin. Si vous ne vous rappelez pas vos rêves, c’est avant tout une question de mémoire.
De quoi rêvons-nous?
Les dernières recherches dans le domaine ont étudié des milliers de rêves et se sont intéressées à leur contenu. Résultat: nous rêvons de choses ou de personnes auxquelles nous avons eu affaire pendant la journée. Nos songes reflètent aussi nos préoccupations du moment ou bien retracent des épisodes qui sont depuis longtemps enfouis dans notre mémoire. Au moment de l’endormissement, notre contrôle cognitif faiblit peu à peu. Autrement dit, le cerveau fait fi du rationnel et laisse libre cours à sa créativité. En combinant des informations, il concocte des scénarios parfois très fantaisistes. Il est même capable de créer des expériences qu’il nous est impossible de vivre dans la réalité. Avez-vous par exemple déjà rêvé que vous voliez et même ressenti la sensation de flotter dans les airs? De quoi se retrouver dans la peau d’un oiseau, le temps d’un songe…
Une activité cérébrale nocturne
À quoi servent les rêves?
À l’heure actuelle, les chercheurs et chercheuses ont de la peine à se mettre d’accord sur la véritable fonction des rêves. Il existe différentes théories: pour les un·es, les rêves permettraient de s’exercer aux interactions sociales – comme des discussions ou des disputes. Pour les autres, ils aideraient à nous réconcilier avec des souvenirs de manière approfondie ou à faire le tri pour se désencombrer de ceux inutiles. Toutefois, il semble difficile de trouver des preuves qui corroboreraient l’une ou l’autre thèse.
Une utilité pour le quotidien
Même si les rêves ne visent pas à nous faire passer un message, à nous donner la possibilité d’interagir sans conséquence avec d’autres personnes ou à optimiser notre mémoire, nous pouvons pleinement en tirer profit.
Ils offrent en effet l’occasion de prendre conscience de ce qui nous procure de la joie. Dans notre exemple de rêve, ce sont la danse et les moments passés en bonne compagnie. Ou bien nos songes peuvent nous aider à mieux identifier nos peurs et à esquisser des solutions pour les apprivoiser. Ainsi, la personne apprend qu’elle a oublié de se présenter à un examen. Elle ferait mieux de vérifier que ses dates et événements importants sont bien notés dans son agenda. La créativité dont fait preuve notre cerveau pour mélanger et combiner toutes sortes d’informations peut aussi nous aider à résoudre un problème d’une manière peu conventionnelle. Si vous faites cependant régulièrement des cauchemars, n’hésitez pas à faire appel à un·e spécialiste, qui vous apprendra à mieux les gérer.
Un coup de pouce pour la mémoire
Vous avez, comme beaucoup de personnes, du mal à vous rappeler vos activités oniriques? Tenir un journal des rêves pourrait vous être utile. Avec de l’entraînement, vous serez peut-être même capables de vous souvenir de plusieurs rêves faits au cours d’une nuit. Comme nous passons près d’un tiers de notre vie dans les bras de Morphée, autant profiter de ces divertissements gratuits qui ne nécessitent aucun matériel. Notre cerveau est finalement le maître incontesté de la production d’histoires frivoles, loufoques ou encore… à dormir debout.
Journal des rêves: mode d’emploi
Tenir un journal des rêves vous aidera à mieux vous souvenir de vos activités oniriques. Vous trouverez dans le commerce de nombreux carnets dédiés à cet exercice, mais un simple bloc-notes fait très bien faire l’affaire. Vous pouvez aussi bien entendu noter vos rêves sur votre smartphone ou votre tablette. Toutefois, notre experte Esther Damas recommande plutôt la version manuscrite. Avoir un support exclusivement réservé aux rêves facilitera en effet votre démarche. Comme toute nouvelle habitude, vous devrez faire preuve d’un peu de discipline et de patience. Vous verrez qu’au fil du temps, mettre sur papier vos rêves deviendra un rituel quotidien!
Consignez vos activités oniriques chaque matin dans votre carnet et inscrivez-y même les rêves incomplets ou très courts. Vous pouvez suivre une à une les étapes suivantes:
- Le soir, avant de vous endormir, prenez la décision de vous souvenir de vos rêves.
- Placez votre bloc-notes ou votre carnet sur votre table de chevet.
- Le lendemain, au réveil, prenez un petit moment pour passer en revue, les yeux fermés, vos rêves de la nuit. Que s’est-il passé en dernier, et juste avant, et encore avant?
- Notez tout de suite des mots clés (par ordre chronologique).
- Puis décrivez vos rêves de la manière la plus détaillée possible, à la première personne du singulier et au présent. Mobilisez tous vos sens: avez-vous senti une odeur ou un goût particulier? Quelles couleurs avez-vous observées? Avez-vous aussi ressenti des sensations?
- Décrivez votre état d’esprit après ces rêves.
- Enfin, donnez-leur un titre.