Comment procurer un sentiment
de sécurité aux enfants

Avec la pandémie de coronavirus, l’humanité a été frappée par un événement soudain et inattendu qui a touché l’ensemble des habitant∙es de notre planète, compromettant leur sécurité presque au même moment. La société entière, toutes générations confondues, a été bouleversée. Les adultes, fortes d’expériences acquises à l’occasion de précédentes crises, ont su repenser et modifier leurs comportements sociaux. Ils et elles ont appris à se saluer sans se serrer la main par exemple. En revanche, pour les enfants et adolescent·es, la pandémie a été un vrai raz-de-marée. Du jour au lendemain, ils et elles n’ont plus eu la possibilité de retrouver leurs camarades, et toutes les activités en groupe alors d’usage ont été proscrites. Le contact humain est cependant particulièrement important chez les enfants et adolescent·es. Car c’est en interagissant avec leurs pairs qu’ils et elles gagnent en confiance et en assurance, et se constituent des points de repère pour la vie.

 

Se sentir seul·es ou ê re séparé·es des personnes en qui ils et elles ont confiance est l’une des pires choses qui puisse arriver aux enfants ou adolescent·es. Ce phénomène, appelé «angoisse de séparation», est connu de beaucoup de parents, qui l’observent chez leurs bouts de chou dès le plus jeune âge. À huit mois environ, les bébés se mettent à avoir peur des personnes qui ne leur sont pas familières et se braquent à leur approche parce qu’ils ont peur d’être abandonnés par leurs parents. Si cette angoisse persiste ou réapparaît régulièrement, elle est susceptible d’engendrer des troubles du développement. Les bébés sont encore bien trop jeunes pour savoir à qui ils peuvent faire confiance. Mais il est essentiel qu’ils acquièrent cette compétence pour devenir autonomes et responsables. Or, seul·e un·e enfant qui se sent en sécurité et protégé·e possède l’ouverture d’esprit et la liberté nécessaires pour partir à la découverte du monde qui l’entoure.

 

Les enfants sont de fins observateurs et fines observatrices, qui notent très précisément comment les adultes de leur entourage réagissent face à l’imprévu et s’en inspirent pour développer leur propre stratégie. La pandémie l’a montré une fois encore: parents et enseignant·es jouent un rôle de modèles essentiel en temps de crise. De leur comportement va dépendre la faculté des enfants à faire face, plus ou moins bien, aux incertitudes. Nous avons tous et toutes dû, et devons encore, affronter une nouvelle réalité pleine d’aléas. Si nous ne voyons que le côté négatif des choses et sommes en colère parce que nos habitudes ont été bouleversées, le moral au sein de la famille peut très vite se détériorer. Les enfants perçoivent la situation comme menaçante lorsque leurs personnes de référence ne savent plus à quel saint se vouer. Mais si, au contraire, ces dernières savent faire preuve de créativité, les circonstances particulières rencontrées peuvent ouvrir de nouveaux horizons.

 

Sous l’influence de la peur et de l’incertitude, il est difficile de profiter de la vie. Paradoxalement, ces deux sentiments sont toutefois essentiels à notre survie, puisqu’ils nous signalent qu’un danger nous menace et nous obligent à chercher la stratégie appropriée pour le surmonter. Nous ne devons donc pas tenter d’écarter systématiquement tous les risques qui pourraient menacer notre sécurité ou celle de nos enfants. Ainsi, ce n’est pas leur rendre service que de les surveiller tout le temps et de chercher à leur garantir une existence dépourvue de dangers. Car ils et elles ne pourront pas apprendre à tirer leur épingle du jeu dans les situations périlleuses ou risquées. C’est pourquoi les parents devraient laisser à leurs enfants assez de liberté d’action. Pour apprendre à gérer les événements imprévisibles et incertains, ils et elles doivent pouvoir explorer le monde à leur guise sans être surveillé·es en permanence – tout en sachant que leurs parents sont là en cas de besoin et qu’ils sont fiers de les voir s’en sortir par leurs propres moyens.