Comment prendre des décisions
Vous êtes-vous déjà demandé quels mécanismes sous-tendent nos décisions quotidiennes? La psychologie est aujourd’hui en mesure d’identifier les facteurs qui influencent nos choix et de nous expliquer comment nous pouvons les utiliser à notre avantage.
Tout simplement
À chaque décision, le cerveau doit traiter beaucoup d’informations.
Il y a des astuces pour prendre plus facilement des décisions importantes.
Vous pouvez par exemple parler avec une autre personne.
Prendre une mauvaise décision peut être positif.
Ça aide à ne pas faire la même erreur plus tard.
La légende veut que, dans l’Inde coloniale, la ville de Dehli se retrouvât un jour confrontée à une prolifération de cobras. Forcé de réagir, le ouverneur britannique décida d’offrir une prime pour chaque reptile mort. Ce plan, au premier abord sensé, prit pourtant une tournure inattendue. En effet, l’ingénieuse population locale se lança dans l’élevage de cobras, pour amasser le plus d’argent possible. Réalisant son erreur, le gouverneur fit machine arrière et annula la prime. Conséquence: les serpents, ne rapportant plus un sou, furent relâchés dans la nature… ce qui accentua encore le problème. Ce phénomène, décrit par l’économiste allemand Horst Siebert, a un nom: l’effet cobra.
Lorsque nous sommes éveillé·es, nous prenons en moyenne un millier de décisions par heure. Naturellement, les choix que nous devons faire ne sont pas toujours aussi importants que celui du gouverneur britannique et la plupart sont même inconscients. Plusieurs centaines de millisecondes avant que nous tranchions, notre cerveau finalise ses préparatifs, sur la base de toutes les informations que nous emmagasinons passivement au quotidien. En résulte une réponse intuitive, qui nous permet de prendre rapidement et simplement des décisions. Sans cela, nous serions constamment dépassé·es par la multitude d’options qui s’offre à nous. Lorsqu’il faut agir vite, l’instinct est très efficace – et même essentiel quand tergiverser pourrait se révéler dangereux. Avez-vous par exemple déjà essayé de penser sciemment à quel pied poser sur la prochaine marche quand vous descendez les escaliers?
Franchir le Rubicon
Parfois, la vie nous confronte à des choix lourds de conséquences. Pour y faire face, nous ne nous reposons alors pas uniquement sur notre instinct, mais devons aussi tenir compte de différents facteurs. Voici quelques conseils pour vous aider à trancher quand l’enjeu est grand:
- Prenez vos décisions quand vous vous trouvez dans un état d’esprit calme. Les émotions vives poussent en effet à agir de manière impulsive et entravent la réflexion.
- Définissez clairement votre objectif: que souhaitez-vous atteindre? Quels besoins voulez-vous satisfaire?
- Listez toutes les options qui vous viennent à l’esprit pour réaliser ce but, même les plus farfelues. Ce n’est que dans un deuxième temps que vous bifferez celles qui ne sont pas réalistes. Vous éviterez de la sorte de tomber dans le piège de la routine.
- Pensez aux conséquences positives et négatives de chaque possibilité à court et à long terme.
- Demandez-vous si vous êtes influencé·es par la pression collective: la majorité n’a pas toujours raison.
- L’heure tourne? Essayez dans la mesure du possible d’obtenir davantage de temps. Vous en aurez besoin pour appréhender votre problème sous différents angles. Mais faites attention à ne pas toujours repousser le moment où vous devrez sauter le pas.
- Faites part de vos réflexions à des personnes de confiance, pour échanger et profiter d’un autre point de vue.
- Mettez votre instinct à l’épreuve: prenez plusieurs chaises et inscrivez une option sur chacune d’entre elles. Asseyez-vous sur l’un des sièges et imaginez que vous avez opté pour la possibilité qu’il représente. Prêtez attention à votre réaction intuitive et aux signaux de votre corps.
- Quand vous choisissez une option, vous devez en abandonner d’autres pour lesquelles vous vous étiez déjà peut-être beaucoup investi·es. Demandez-vous si c’est cette pensée qui vous empêche de prendre une décision plus pertinente.
Apprendre de ses erreurs pour prendre de meilleures décisions à l’avenir
Que faire quand une décision mûrement réfléchie se révèle a posteriori ne pas avoir été la bonne? C’est ce qui est arrivé au gouverneur britannique, parce qu’il a complètement sous-estimé une capacité des plus humaines: s’adapter à une nouvelle situation et en tirer le meilleur profit. Or, cette même aptitude peut nous aider quand les choses ne se passent pas comme prévu. Quels enseignements pouvons-nous tirer de nos erreurs? Quelles mesures prendre pour redresser la barre et atteindre malgré tout notre objectif? Car la plupart de nos décisions ne sont pas irréversibles.
Prendre ses décisions la conscience tranquille
De bien jolies paroles, mais l’idée de devoir trancher vous empêche malgré tout de dormir la nuit? Ne pas choisir est aussi un choix. Une autre personne décidera alors probablement pour vous et c’est elle qui endossera la responsabilité si l’issue est négative. Toutefois, le fait de prendre vos propres décisions, même quand la situation est particulièrement difficile, peut renforcer votre sentiment d’auto-efficacité, c’est-à-dire votre conviction personnelle d’être en mesure de réaliser vous-mêmes vos objectifs. Vous pourrez en outre vous réjouir du résultat en cas de succès ou apprendre de vos erreurs pour l’avenir.
Pour en revenir à notre anecdote initiale, nous ne savons pas si le gouverneur britannique a finalement réussi à endiguer la prolifération des cobras. Mais il a sans doute tiré des enseignements de cette décision malavisée.