Une petite fille raconte une histoire à une dame.

Développement du langage: quand les enfants apprennent à parler

Le développement du langage chez les enfants est étonnant. Avant même de parler, nos tout-petits comprennent une foule de choses. Ensuite, tout s’accélère… Plongée au cœur des origines de ce processus.

   Tout simplement

Apprendre à parler est facile pour les enfants.
Mais ils et elles ont besoin d’être en contact avec d’autres personnes.
Comme ça, les enfants peuvent «vivre» les mots.
Ils et elles aiment bien jouer avec la langue.

À leur naissance, les nourrissons disposent d’un potentiel marqué pour l’expression langagière. Le processus devient véritablement passionnant durant les premières années de vie, lorsque la communication évolue. C’est à ce moment que les capacités fascinantes du cerveau de nos bambins et bambines se révèlent. Souvent, les parents ne peuvent que s’extasier devant les performances linguistiques de leur progéniture et la vitesse à laquelle elles évoluent.

 

Le contact social comme terreau de l’expression orale

Il ne faut pas oublier que si l'acquisition du langage dépend naturellement de la maturité du cerveau, ce dernier n'est pas en mesure de générer seul la production langagière. En effet, des échanges linguistiques variés avec d'autres personnes sont nécessaires. À cet égard, les parents, les adultes de référence, les frères et sœurs, les copains et copines jouent un rôle essentiel. Les enfants qui grandissent de manière isolée ou avec peu, voire sans véritables contacts sociaux manquent de stimulation et n'acquièrent pas beaucoup de compétences dans ce domaine.

 

Un processus global

Les tout-petits apprennent une langue de manière globale, c'est-à-dire en écoutant leurs parents et leur entourage et en mettant ces informations en relation avec les gens, les animaux, les objets de leur environnement, ainsi qu'avec les différentes situations qui s'y produisent. Le rôle des parents n'est donc pas d'enseigner à leurs enfants à parler, même si leur influence sur l'acquisition langagière de leur progéniture est significative. Transmettre l'idiome par le vécu, permettre d'accéder à des expériences par le truchement de la langue… la seule évocation des moments partagés ensemble suffit pour que les petits êtres en devenir apprennent automatiquement.

 

Le développement du langage chez les enfants: de nouveaux mots à écouter et à prononcer

Pour soutenir le développement langagier de leurs bouts de chou, les parents peuvent corriger non pas la forme, mais le contenu. Si une phrase n'est pas correcte, ils et elles peuvent le relever et reformuler la phrase de la bonne manière. Il ne sert toutefois à rien de demander aux enfants de répéter la forme correcte; la justesse de la langue est un apprentissage qui doit se faire de façon autonome. Le fait de répéter certains mots ou certaines phrases ne contribue pas à l'évolution de l'expression orale. En revanche, des échanges variés sont très bénéfiques. Les enfants aiment entendre de nouveaux mots encore et encore, jouer avec eux, expérimenter des variations; écouter et prononcer de nouvelles formes est un exercice qui leur plaît.

 

Le bilinguisme: l'apprentissage d'une deuxième langue

Avez-vous déjà essayé d'apprendre une langue étrangère à l'âge adulte? Si oui, vous savez certainement à quel point ce parcours peut se révéler ardu. Pour le commun des mortel·les, l'apprentissage se fait malheureusement de manière analytique, avec des listes de vocabulaire à rallonge et des règles grammaticales à apprendre par cœur. Pourquoi? Parce que nous, les adultes, ne sommes plus capables de juste apprendre une langue – à l'exception de quelques chanceux et chanceuses.

À la stupéfaction des grandes personnes, la plupart des enfants maîtrisent cet exercice plus facilement et rapidement (en l'espace de six à douze mois), sans accent. Grandir au sein d'une famille bilingue ou multiculturelle représente alors une chance inouïe. Si vous en avez la possibilité, saisissez l'occasion et permettez à vos linguistes en herbe d'acquérir une deuxième langue – un véritable jeu d'enfant en ce qui les concerne.

Ein Mädchen erzählt einer Frau eine Geschichte.

 Les conseils d’Urs Kiener pour accompagner votre enfant dans son apprentissage du langage

  • Chaque enfant acquiert le langage à son rythme. Les différences peuvent être très importantes: les plus précoces prononceront leurs premiers mots à dix mois, d’autres à deux ans et demi. Face à ces écarts, on peut facilement comprendre le trouble des parents. Pourtant, cette hétérogénéité est tout à fait normale et touche également d’autres domaines du développement. N’oubliez pas que, quel que soit leur âge, les enfants comprennent beaucoup plus que ce qu’ils et elles sont capables d'exprimer avec leurs propres mots.
 
  • Les parents et les autres personnes de référence dans l'entourage de l'enfant doivent veiller à ne pas adapter leur manière de parler à celle de l’enfant, par exemple en adoptant le «langage bébé». Si votre chérubin dit toujours un mot faux, confond des objets ou des animaux, comme les chiens avec les chats, ou développe son propre système langagier, vous pouvez simplement répéter la forme correcte. Montrez-lui que vous comprenez ses propos tout en lui indiquant la bonne prononciation avec bienveillance. Il ne sert à rien de le ou la corriger systématiquement. Tenez toujours compte du niveau de compréhension de l’enfant et de ses compétences linguistiques; vous l’accompagnerez ainsi au mieux dans son apprentissage.
 
  • Plus de la moitié des enfants bégaient de manière passagère. Ce phénomène, qui peut déstabiliser les parents – surtout s’il s’agit de leur premier bébé – se produit en général entre deux et quatre ans. Il fait partie du développement normal du langage et disparaît la plupart du temps après quelques semaines ou mois. Durant cette phase, il est important de faire preuve de patience.
 
  • Entretenir une bonne relation avec l'enfant et montrer de l’intérêt pour la manière dont il ou elle découvre le monde du langage, voilà le meilleur accompagnement. Le soir, discutez ensemble des événements de la journée. Racontez à votre enfant ce que vous avez fait ou demandez-lui quels ont été ses moments préférés. Si votre bambin ou bambine aborde certains aspects spontanément, montrez-lui que vous comprenez et qu’il ou elle se rappelle correctement de ces événements. N’oubliez toutefois pas que l’apprentissage se fait en trois temps: les tout-petits doivent tout d’abord développer une image mentale de l’événement ou de l’objet. Dans un deuxième temps, ils et elles comprennent les termes qui y sont associés avant de pouvoir les utiliser dans leur propre production langagière.
 
  • Le lien communicatif avec nos bouts de chou ne se limite pas à parler et à comprendre; il va au-delà du langage oral et écrit, car il englobe le non-verbal. Notre posture, nos mouvements, nos mimiques, notre regard expriment notre état et la manière dont nous souhaitons interagir. Nous devrions aussi y penser lorsque nous pianotons sur notre téléphone portable en présence de nos enfants ou que nous discutons avec des adultes. Notre comportement avec les autres, que ce soient des proches ou des personnes étrangères, doit servir d’exemple pour nos apprenti·es linguistes.