Plantes médicinales: le pouvoir curatif des tisanes et infusions

Dès mon plus jeune âge, je gambadais déjà dans les champs et les pâturages, dansais avec les papillons et me laissais bercer par le chant des grillons. Avec mon grand-père, nous nous appliquions à récolter des herbes et des fleurs pour notre tisane contre les refroidissements. Notre zone de récolte n’était pas très étendue, car j’étais encore petite et grand-papa très vieux. Mais, comme par miracle, nous trouvions tout ce dont nous avions besoin. Non, je ne suis pas un personnage de conte de fées... Tout ce que j’écris ici et dans d’autres articles, je l’ai réellement vécu! Et je voudrais partager avec vous ma grande expérience des plantes médicinales et des tisanes, précieuses pour soigner certains troubles ou juste pour rester en bonne santé.

Encore aujourd’hui, j’éprouve un attachement particulier pour les plantes que je ramassais autrefois avec mon grand-père. Au fil des ans, j’ai appris qu’en plus de son action désinfectante, virucide et mucolytique, le thym pouliot – une variété de thym sauvage – transmettait courage et vitalité grâce à sa grande force de caractère, et qu’il fortifiait l’esprit.

À l’état sauvage, vous le trouverez en bordure des chemins, dans des sols caillouteux, ou des terrains en pente ensoleillés. Le thym pouliot peut aussi se cultiver au jardin ou dans un pot sur votre balcon. Plante vivace, robuste et facile d’entretien, elle pousse en formant un tapis à 5-10 cm du sol et donne de jolies petites fleurs à la belle saison. Dès qu’il est dérangé, comme quand on marche dessus, le thym sauvage réagit en sécrétant son huile essentielle aux arômes puissants et épicés. Comme s’il nous disait: «Halte là! Ne t’approche pas trop près, laisse-moi tranquille!». C’est ce même réflexe de défense qu’il active lorsque bactéries, virus grippaux, agents infectieux responsables de la toux et autres hôtes indésirables s’invitent dans notre organisme. Et il nous aide aussi à faire face à des personnes ou animaux qui nous tapent sur les nerfs! Petit mais costaud, il libère d’un coup les voies respiratoires tout en nous procurant un sentiment de force, de détente et de paix intérieure. Voici comment l’utiliser: prélevez une ou deux extrémités des tiges en les sectionnant entre vos ongles et faites-les infuser, fraîches ou séchées.

Je me rappelle encore cette façon si spéciale qu’avait mon grand-père de me montrer les joyeux capitules jaunes du tussilage à chaque nouveau printemps. Le tussilage est une plante du soleil. Ses fleurs ne s’ouvrent que lorsqu’il fait beau, inondant de son beau jaune doré les bordures des chemins et les sols de graviers. Et dès qu’un nuage voile le ciel, hop! Elles se ferment instantanément. C’est seulement lorsqu’elles commencent à se faner et que leur énergie décline que les fleurs arrêtent de s’ouvrir et de se fermer au rythme de l’astre du jour. Elles se tiennent juste là, attendant que le vent transporte leurs semences parvenues à maturité comme autant de délicates petites soies virevoltant au gré des airs.

Antitussif et allié des voies respiratoires par excellence, le tussilage est une plante médicinale indigène et mérite largement sa place dans la pharmacopée traditionnelle, au même titre que le thym sauvage. De par son action anti-inflammatoire, expectorante, mucolytique et dépurative, il aide à se débarrasser des toux même coriaces, à fluidifier et à évacuer les sécrétions et à faciliter la respiration. Vos reins vous en seront aussi reconnaissants puisqu’il libère les stases. Il vous donne un nouvel élan pour faire place à plus de joie, de légèreté et d’apaisement. La prochaine fois que vous verrez du tussilage en fleurs, prenez le temps de vous arrêter et de le contempler: ne dirait-on pas un petit soleil qui vous réchauffe le cœur de l’intérieur?

Et ce n’est pas tout. En ajoutant de la mauve à votre mixture, votre remède n’en sera que plus puissant. On compte dans la famille des malvacées les roses trémières, la guimauve, la mauve sylvestre, la mauve bleue, la mauve musquée... qui ont le pouvoir de renforcer les effets d’un mélange. Celui-ci agira donc encore plus efficacement contre les refroidissements!

Les mélanges de plantes en valent toujours la peine, car ils sont plus que la somme de tous leurs ingrédients. On a de tout temps combiné plusieurs plantes pour faire des thés aux herbes dans les Alpes. En général, une préparation se compose d’au moins cinq ingrédients. Et j’en ai déjà vu qui en contenaient presque cent différents! Évidemment, cela dépend des connaissances du cueilleur ou de la cueilleuse. Cette tradition, que l’on retrouve des Alpes jusqu’en Asie, fait la part belle à la magie: en effet, les tisanes maison employées pour toutes sortes de maux agissent toujours «comme il faut», sans toutefois que la science parvienne très bien à expliquer pourquoi. Pour les gens des montagnes, cela n’a d’ailleurs pas grande importance, pourvu que ça marche. Pas plus que le fait qu’ils aient eux-mêmes récolté les plantes, qu’ils se les soient procurées chez l’herboriste du village, à la pharmacie ou à la droguerie, même s’il est vrai que la qualité peut varier considérablement d’un produit à l’autre. L’important quand on est malade, c’est vraiment de boire du thé!

La phytothérapie a retrouvé sa place dans nos pharmacies familiales. Avec un thé aux herbes, comme on l’appelle communément, vous pouvez soigner beaucoup de maux de tous les jours d’une manière très simple. Vous avez juste besoin d’un peu d’eau bouillante, dans laquelle vous ferez infuser une pincée de votre mélange. Choisissez de préférence un contenant en verre, en porcelaine ou en terre cuite. Laissez tirer pendant quelques minutes, puis versez la préparation dans une tasse en la filtrant avec une passoire.

Laissez infuser le reste jusqu’à ce que vous vous resserviez. En effet, certains composés tels que les mucilages ou les tannins ont besoin d’un peu de temps pour déployer tous leurs effets. Plus il infusera longtemps, plus votre breuvage sera bon pour la santé! Je ne suis pas une grande amatrice des préparations pour une seule tasse, car il est difficile de bien doser les quantités. Très souvent, il y a trop de plantes et trop peu d’eau. S’il vous reste du thé, sachez que vous pouvez aussi le boire à température ambiante 12 à 24 heures (au maximum!) après l’avoir préparé. Ou l’utiliser comme engrais pour vos plantes d’intérieur. Si vous vivez avec d’autres personnes, n’hésitez à partager vos préparations avec elles, même si elles ne sont pas malades. Comme nous l’avons vu plus haut, les tisanes contre les refroidissements ont aussi souvent des vertus relaxantes.

Quand vous êtes malades, je vous recommande de boire votre tisane aussi chaude que possible. Vous profiterez ainsi de l’effet thérapeutique de la chaleur. Même si vous buvez du thé tous les jours, plusieurs facteurs entrent en ligne de compte lorsque l’on cherche sciemment à soigner une affection: l’eau, l’effet de la chaleur, les substances actives, les affinités et l’esprit de la plante. Une utilisation à des fins médicinales a des propriétés relaxantes et apaisantes et procure une sensation de réconfort. Cette dimension s’inscrit dans ce que l’on appelle une approche holistique, connue depuis des millénaires dans notre culture et utilisée encore aujourd’hui dans l’ensemble de nos pratiques thérapeutiques.

Rappelez-vous que l’effet des tisanes est puissant et que plus vous êtes malades, moins votre boisson doit être concentrée. Le principe qui s’applique ici est: «moins, c’est mieux». Si, en plus, vous avez des symptômes tels que des nausées, un manque d’appétit, une grande fatigue ou une fièvre persistante, vous souffrez peut-être d’une grippe. Dans ce cas, il sera utile d’avoir recours à des plantes qui vont soutenir les fonctions rénales et hépatiques, comme le chardon-Marie, l’achillée, le solidage, la cardère sauvage ou le pissenlit. Prudence avec les préparations destinées aux bébés et aux enfants en bas âge: préparez une tisane faiblement dosée et diluez-la encore de moitié en y ajoutant une fois son volume d’eau. Si vous allaitez, le mieux est de boire la tisane vous-mêmes. Ses bienfaits seront ensuite transmis à votre bébé grâce au lait maternel.

À chaque maladie, sa plante médicinale! Les herbes de nos régions nous offrent tout ce dont nous avons besoin pour lutter contre les maladies des voies respiratoires.