La Suisse accueille le Championnat du monde d’unihockey 2019
à Neuchâtel

Corin Rüttimann, tu es l’une des trois ambassadrices du Championnat du monde d’unihockey féminin 2019, qui se déroulera du 7 au 15 décembre à Neuchâtel. Pour toi en tant que joueuse, qu’est-ce que cela représente de pouvoir jouer un tel tournoi à domicile?

Le Championnat du monde est toujours un événement phare. Comme il n’a lieu que tous les deux ans, nous l’attendons à chaque fois avec impatience, et cette année encore plus comme il est organisé en Suisse. Notre équipe fait partie des favorites avec celles de la Suède, de la Finlande et de la République tchèque. Jouer devant son public est toujours un avantage. Je me souviens encore bien du Championnat du monde de 2011 à Saint-Gall. La sensation au moment d’entrer dans cette salle aux couleurs de la Suisse était incroyable. Les fans nous encourageaient à fond et l’ambiance était unique.

Avec déjà 100 matchs internationaux avec l’équipe nationale à ton actif, tu es la figure de proue de l’unihockey suisse féminin. Qu’est-ce que tu aimes tant dans ce sport?

La vitesse! L’unihockey est aussi un sport aux multiples facettes; on peut s’améliorer dans de nombreux domaines comme le maniement de la crosse, l’endurance, la tactique, la vitesse et j’en passe. C’est une combinaison d’un peu de tout. J’ai aussi l’esprit d’équipe; je préfère largement les sports collectifs. Pour moi, il n’y a rien de plus beau que de fêter une victoire avec ses coéquipières.

Un Championnat du monde sur le territoire helvétique est une excellente occasion pour faire connaître davantage l’unihockey en Suisse et notamment en Suisse romande, comme la présente édition est organisée à Neuchâtel.

En Suisse romande, il y a encore un gros potentiel pour susciter la fièvre de l’unihockey. De nombreuses personnes ne connaissent pas du tout ce sport et nous comptons bien changer ça. Avec le slogan «floorballized»*, nous parlons du Championnat du monde sur les réseaux sociaux et sur d’autres canaux pour essayer d’enthousiasmer dès maintenant les gens. Il faut leur montrer combien notre discipline est dynamique et palpitante!
*Remarque de la rédaction: alors qu’on parle généralement d’«unihockey» en Suisse, «floorball» est le terme utilisé à l’international.

Suivez-vous un entraînement spécial pour vous préparer à ce Championnat du monde?

Oui. Cette année, notre préparation est un peu différente des éditions précédentes. Nous nous entraînons plus dur. C’est nécessaire pour pouvoir nous mesurer aux deux meilleures nations que sont la Suède et la Finlande. Le tableau des médailles montre bien que ces équipes continuent malheureusement d’avoir une longueur d’avance sur nous. Pour réduire cet écart, nous avons organisé un challenge d’été de mai à août. En plus de nos entraînements au sein de nos clubs respectifs, nous nous sommes réunies chaque vendredi soir à Kloten. Nous avons eu une partie théorique sur la tactique et nous sommes bien sûr exercées sur le terrain. Des matchs amicaux contre des équipes juniors et masculines étaient aussi organisés. Par ailleurs, chaque unihockeyeuse a bénéficié d’un programme de musculation et d’endurance personnalisé qui tenait compte de ses points forts et de ses points faibles. Il comprenait par exemple différentes séquences effectuées avec une ceinture cardiaque afin que chaque joueuse puisse tirer profit au maximum de son entraînement. Un nouveau programme était mis sur pied toutes les deux semaines.

Tu as mentionné la Suède et la Finlande; comment expliques-tu la supériorité des équipes nordiques?

Les écarts entre les clubs des ligues suédoise et finlandaise sont beaucoup moins importants qu’en Suisse. Comme le niveau de toutes les joueuses est constamment élevé, chaque entraînement et match de championnat leur permettent d’améliorer encore plus leurs performances et leur jeu. De plus, l’unihockey est un sport plus populaire dans ces pays. Là-bas, le temps de travail est de 40 heures par semaines; les joueuses ont donc déjà deux heures de plus que nous pour récupérer et s’entraîner. 

Qu’est-ce qui caractérise l’équipe suisse?

Les médailles de bronze et nos performances lors des trois derniers Championnats du monde (2013, 2015 et 2017) n’ont pas vraiment été satisfaisantes. Nous voulons plus que la troisième place du podium et c’est justement ça qui nous caractérise: notre détermination acharnée à franchir ensemble le palier supérieur. À chaque entraînement et match international, je remarque que nous voulons aller plus loin et surtout que nous sommes toutes prêtes à nous investir davantage.

Comment parviens-tu à concilier ta vie professionnelle, ta vie privée et ta carrière sportive avec ce travail supplémentaire pour le Championnat du monde?

Je me le demande parfois aussi… Il faut être sacrément organisée. Mes semaines sont minutieusement planifiées et je n’ai malheureusement pas de marge de manœuvre pour des activités spontanées. Depuis août, je suis aussi une formation continue, qui me demande bien sûr du temps. Mais mon école et mon employeur m’apportent un soutien précieux. C’est comme ça que j’arrive à tout concilier.  

Après Singapour en 2005, l’équipe nationale féminine d’unihockey va donc remporter sa deuxième médaille d’or à Neuchâtel?

Remporter le titre serait fabuleux – et même déjà atteindre la finale. À ce stade-là, tout est possible. Nous sommes certainement sur la bonne voie, mais avons encore beaucoup de travail.

Pourquoi se rendre aux Patinoires du Littoral à Neuchâtel en décembre en vaudra-t-il la peine?

Parce que nous avons besoin du soutien de tout le monde et qu’il faut absolument se plonger dans cette atmosphère au moins une fois dans sa vie. Et un Championnat du monde est toujours un événement particulier pour nous en Suisse.